Les Merveilles de la Mer in Les Déserts de l'enthousiasme 1942, Jean-Francois Chabrun
Une charrue de soie noire déchire le ciel
Des oiseaux de racine étouffent lentement
Les ponts d'air jetés sur les fleuves du sang
L'horizon se resserre étrangleur d'océan
C'est la terreur mécanique
Le plomb panique du sommeil
L'oiseau l'étoile la jeune fille chargés d'âges
Une rue saigne comme un bras coupé
Sous des kilomètres d'ombre
Des maisons déchaînées désoeuvrées
Flottent entre deux eaux de cendre vive
Où des enfants jouent aux orages
Sur des raquettes de neige grise
Un poisson mon ennui
Mon beau desespoir de cristal
Faucon fidèle comme un aveugle
Comme un bel oiseau d'aveugle aux plumes aveuglantes
Comme un oiseau que la misère éblouit
Comme un oiseau flottant sur des déluges
Exténué s'engloutit
Et de son vol plus rien ne reste
Qu'un peu de sang
Sur le ciel souterrain du silence
De grandes routes ahuries
Des boulevards somnambules
Mènent les foules à Luna Park
Où le scarabée de la minuit
Mâche douchement le coeur
D'une petite fille ensoleillée
Où des filles nées du vent
Fondent comme sucre au goût des baisers
Où des horloges décapitées
Vendent leurs aiguilles à midi
Châteaux changeants châteaux de brume
Un peu de temps mêlé de sable
Et c'est l'avalanche des promesses
L'au revoir infatiguable des marées
Le lendemain certain de l'horizon
Depuis de longues années déjà un insecte aux ailes d'acier
Vole vers la fenêtre où je guette
Derrière d'incassables carreaux plus sensibles que des regards
Où la fragilité de l'insolence traça
Les infanables fleurs de gel de l'amour
cette nuit ma nuit s'en va
Il y a serré encore autour de sa taille nue
Le bras droit vide de mon armure
Issu du recueil LA MAIN A PLUMES